Le Rhône

Dès les temps les plus reculés, la navigation du Rhône a dû naturellement faciliter les rapports commerciaux du nord avec le midi de la France et la multiplicité des péages féodaux ne ralentit pas même le transit, tant cette voie l'emportait sur la voie de terre.

L'ère de prospérité d'Ancône fut celle des équipages.

Le Bourg ne recueillit aucun avantage du règne court et brillant des bateaux à vapeur qui ne s'y arrêtaient pas.

 

 
Depuis l'établissement du chemin de fer de Paris à la Méditerranée, Ancône, délaissé à l'ouest par la voie nouvelle, n'est guère plus qu'une commune agricole. Cependant sa position avantageuse auprès de Montélimar et l'établissement de chemins très viables, lui assurent un avenir commercial dont la population intelligente saura hâter l'avènement.

N'est-ce pas le point de débarquement de toutes les marchandies venant du nord à destination de Montélimar et de la Valdaine ?

 

 
Jusqu'ici, malgré les efforts de l'administration provinciale, à diverses époques, le village d'Ancône n'avait eu qu'une existence précaire, constamment sous la menace des débordements du Rhône. Des travaux exécutés par d'habiles ingénieurs, lui assureront désormais tous les avantages du fleuve, tout en le protégeant contre ses fureurs passagères mais terribles et fréquentes.

La position du bourg sur la rive d'un fleuve sans cesse parcouru par les barques et bateaux de transport a presque toujours été pour Ancône une source de richesse : mais, au moment des grosses eaux, elle devient excessivement critique et dangereuse.

Pour conjurer le péril imminent que le Rhône présentait ainsi sans cesse aux habitants d'Ancône, ils réclamèrent souvent les secours de l'Etat pour réparer leurs digues.

En 1738 les ingénieurs Rolland et Vivien indiquaient les travaux à effectuer et en 1743, André Bonnet, marchant, se chargea de leur exécution. L'opération traîna en longueur et le 28 septembre 1747 le débordement fut si grand que tout le lieu manqua de périr.

 

   
De La Porte, intendant de la province, prescrivit de hâter les réparations commencées et il fallut en venir à des voies de rigueur vis à vis de l'entrepreneur.

La digue de 1789 fut continuée jusqu'en 1793, reprise de 1817 à 1820 et exhaussée en 1825 de manière à former un bouclier devant Ancône. Après diverses tentatives faites de 1848 à 1860 pour rétablir cette barrière que les inondations de 1840 et 1856 avaient emportée, l'Etat de 1862 à 1863 a fait barrer le bras d'Ancône dans l'intérêt de la navigation, au moyen d'une digue de quatre kilomètres de long et le bourg espère maintenant se trouver suffisamment protégé.

 

   
Aux 18ème et 19ème siècles, les crues des rivières et des fleuves étaient beaucoup plus fréquentes qu'aujourd'hui. Le déboisement massif des montagnes et le surpâturage qui empêchait la repousse des arbres en étaient les causes.

Sans couvert végétal pour les freiner, les grosses pluies dévalaient les pentes et gonflaient les rivières. La Drôme, l'Isère et le Rhône pouvaient monter de plusieurs mètres en quelques heures emportant hommes, bêtes, ponts et maisons sur leur passage.

 
"En 1755, à la suite de pluies fortes et continues qui commencèrent dès le 21 septembre, on eut à déplorer de grands dommages causés par les débordements des cours d'eau. Le Rhône subit une crue des plus extraordinaires, qu'on a calculé avoir atteint 7,50 mètres au-dessus de l'étiage. Une partie du village d'Ancône, qui était au couchant de l'agglomération actuelle et près du château dont on voit les ruines dans une île, fut emportée par les eaux. Cette inondation fut plus considérable que celle de novembre 1745 : elle dura 8 jours." (Marius Villard 1887)
 
Un siècle plus tard, au mois de mai 1856, le Rhône déborda à nouveau et la route de Montélimar au Teil fut complètement détruite sur plus d'un kilomètre. Le pont de Rochemaure fut emporté avec un des ses actionnaires occupé à l'examiner.

1500 hectares du territoire de Montélimar furent submergés : on ne voyait plus que le toit des maisons d'Ancône.